Biointrants : importance d'une évaluation qualifiée des politiques publiques agricoles

Par Luís Eduardo Pacifici Rangel, ingénieur agronome

05.03.2025 | 07h34 (UTC-3)

Le Brésil possède une longue histoire de politiques publiques visant le développement rural, cherchant à stimuler la production agricole de manière durable. Cependant, l’évaluation de ces politiques est souvent négligée, ce qui compromet l’efficacité des programmes et rend difficile la correction des distorsions. Parmi eux figurent le Plan National d'Agroécologie et de Production Biologique (PLANAPO), lancé en 2013, la mise en œuvre de la Politique Nationale d'Agroécologie et de Production Biologique (PNAPO) et le Programme Biointrants (PNB), dont les analyses ex post ont révélé des défis et des limites qui peuvent servir d'expérience d'apprentissage pour d'autres initiatives.

Créé en 2020, le PNB est apparu comme une politique publique dite innovante visant à promouvoir l’utilisation de biointrants en agriculture, réduisant ainsi la dépendance aux intrants chimiques conventionnels. La promesse était de favoriser la production durable et de renforcer la bioéconomie au Brésil. Mais cette proposition est très similaire à celle présentée par PLANAPO en 2013. Cependant, les analyses préliminaires révèlent que l'impact direct du programme a été limité ou presque inexistant, puisque l'adoption des biointrants était davantage associée à des facteurs économiques structurels (augmentation de la valeur de la production et recherche de réduction des coûts) qu'à des orientations politiques.

Parmi les problèmes identifiés, se distingue le manque de bases de données fiables permettant une évaluation robuste des effets du programme. Le manque d’informations précises entrave la formulation de nouvelles stratégies et peut compromettre l’efficacité de la politique à long terme. Un autre point critique est la forte concentration du marché des bio-intrants dans quelques espèces d’agents biologiques. Il existe quelques entreprises avec de nombreux produits alors que la plupart des entreprises inscrites n'ont qu'un seul produit. Il s’agit là, sans aucun doute, d’un biais qui rend difficile l’élargissement de la concurrence et l’accès des producteurs ruraux à ces intrants.

L'expérience avec Bioinsumos, depuis son origine dans le Plan National d'Agroécologie et de Production Biologique - PLANAPO, souligne l'importance d'un suivi continu et d'une évaluation qualifiée des politiques publiques rurales. Des politiques bien intentionnées, mais sans analyse rigoureuse de leurs impacts et de leur mise en œuvre, risquent de devenir de simples déclarations d’intention, sans effet pratique.

Cependant, nous pouvons consacrer une partie du mérite de la publication de la loi 15.070 du 23 décembre 2024 à la politique des bio-intrants. La mobilisation suscitée par la nécessité de séparer les produits chimiques conventionnels des produits innovants, d'origine biologique, a eu un effet impressionnant. Une partie de ce résultat sera absorbée par les productions dites « on farm », qui nécessiteront à l’avenir un environnement réglementaire spécifique.

L’analyse de l’efficience, de l’efficience et de l’efficience des programmes doit faire partie intégrante du cycle de formulation et de mise en œuvre des politiques publiques. Les modèles économétriques, les analyses d’impact et les données systématisées sont des outils essentiels pour éviter le gaspillage des ressources et garantir que les politiques bénéficient réellement aux producteurs ruraux et à la société dans son ensemble.

Récemment, la Cour des comptes fédérale (TCU) a émis une recommandation au ministère de la Planification pour qu'il effectue une analyse plus détaillée du Plan pluriannuel (PPA) afin d'éviter le chevauchement des programmes ruraux. Cette mesure souligne la nécessité d’améliorer les mécanismes d’évaluation et de suivi des politiques publiques dans le secteur agricole.

Le chevauchement des programmes peut conduire à un gaspillage de ressources et à des conflits dans l’exécution d’initiatives qui devraient être complémentaires. La recommandation du TCU indique qu’il existe une marge de manœuvre pour une plus grande intégration et une planification stratégique plus poussée, garantissant que les politiques répondent véritablement aux besoins du secteur productif sans disperser les investissements dans des initiatives concurrentes ou inefficaces.

Le cas du PLANAPO et sa transformation en programme de bio-intrants, ainsi que la récente recommandation du TCU, renforcent l’urgence d’améliorer l’analyse des politiques publiques rurales. Le Brésil doit adopter une culture d’évaluation continue, fondée sur des preuves concrètes, pour garantir que les programmes mis en œuvre atteignent les résultats escomptés et profitent efficacement aux agriculteurs et à l’économie agricole.

L’insistance à développer un programme de réduction de l’utilisation des pesticides (PNARA), provenant du même PLANAPO, semble être le même écran de fumée qui n’a jamais eu de mesures, d’objectifs et qui n’a pas d’avenir. Identifier les véritables problèmes de la production agricole et les résoudre de manière stratégique et efficace semble être la conclusion évidente des auditeurs du TCU.

Sans une structure de suivi efficace, nous courons le risque de perpétuer des politiques inefficaces et de gaspiller des ressources qui pourraient être mieux allouées. L’évaluation qualifiée doit être l’épine dorsale des décisions gouvernementales, garantissant un secteur agricole plus compétitif, innovant et durable. Il n’y a plus de place pour des discours sans contenu, des programmes sans indicateurs et des managers sans engagement.

Par Luis Eduardo Pacifici Rangel, ingénieur agronome

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